Des pistes cyclables pavées d’embûches
En ville de Zurich, les conditions sont bonnes et les moyens financiers disponibles pour développer le réseau cyclable. Pourtant, la promotion du vélo stagne.
Par Markus Knauss, co-directeur de la section zurichoise de l’ATE
Depuis des années, la ville de Zurich crée des conditions-cadre pour encourager l’utilisation du vélo. Les fonds nécessaires sont débloqués et le règlement communal contient de nombreuses dispositions soutenant la réalisation de voies cyclables attrayantes et continues.
En 2021, un réseau de 130 kilomètres d’itinéraires cyclables sûrs et attractifs a été défini pour la première fois dans le plan des transports communal. Le but était de permettre aux jeunes et moins jeunes de rouler à vélo en toute sécurité. La section zurichoise de l’ATE s’est impliquée de manière déterminante dans la campagne avant la votation sur cet objet.
Depuis, les nombreuses exigences formulées dans ce contexte – que jusqu’à 70 % des votant·e·s en ville de Zurich ont soutenues – n’ont pas été suffisamment concrétisées. Malgré de nombreux travaux préparatoires, seuls deux tronçons de 4 kilomètres prévus dans le plan communal ont pu être entièrement réalisés.
Les services de planification urbaine prennent pourtant leur mission au sérieux: s’il faut du temps pour que les projets soient sur les rails, ils sont ensuite mis en oeuvre de façon systématique. De plus, de nombreuses autres mesures permettent, du moins en partie, de prioriser les cyclistes.
Réactions violentes
Pour être réellement attractives et sûres, les voies cyclables doivent présenter une certaine largeur minimale. Dans les quartiers, cela implique souvent de supprimer des places de stationnement. La disparition programmée de ces surfaces utilisées pour stocker des véhicules privés suscite souvent des réactions violentes, notamment dans les villes qui ont longtemps encouragé le trafic automobile.
Les propriétaires de véhicules estiment fréquemment avoir droit à une place de stationnement dans l’espace public. Souvent, les associations de commerçant·es et de propriétaires s’associent aux riveraines et riverains autorisé·es à faire opposition. Dans un État de droit, c’est une situation supportable.
Lorsqu’elles sont ancrées dans le plan directeur communal, les bases légales des voies cyclables semblent solides. L’histoire pourrait donc se répéter: vers l’an 2000, les zones 30 km/h dans les quartiers résidentiels de Zurich étaient bloquées par des recours. Après une décision de principe, elles ont pu être toutes réalisées dans un délai de deux ans. La promotion de la mobilité cycliste se retrouve dans une situation similaire: après la levée de boucliers initiale, les choses devraient s’améliorer rapidement.
Deux fois plus de vélos
Mais la mobilité cycliste n’est pas qu’une question d’infrastructure. On observe une autre évolution très réjouissante: les nombreuses initiatives populaires de ces dernières années indiquent que la petite reine a beaucoup d’adeptes en ville. Même si l’infrastructure cycliste, particulièrement à Zurich, est jugée incohérente et peu avenante, les cyclistes restent enthousiastes.
Ces dix dernières années, le nombre de kilomètres parcourus par les trams et les bus est resté à peu près le même et le volume de la circulation automobile a même légèrement diminué. En revanche, le nombre de cyclistes a pratiquement doublé. Si les nouveaux itinéraires sont réalisés prochainement, cette évolution va encore se renforcer.
Naturellement, la politique d’encouragement de la petite reine se heurte sans cesse à de nouveaux défis. Le 5 mars, des automobilistes ont déposé une nouvelle initiative populaire pour interdire la suppression de places de stationnement dans l’espace public. Cela bloquerait tout nouveau projet d’itinéraire cycliste. Le financement du vaste programme de promotion du vélo (voies cyclables, stationnement) dépend en outre d’une nouvelle base juridique avec un crédit-cadre de 350 millions de francs. Ici aussi, il s’agit de remporter la votation populaire. L’ATE s’implique dans un cas comme dans l’autre.